On y a cru 40 minutes durant
Malgré le double fait de l’absence de son meneur de jeu et de l’écart au classement entre les deux formations, la JS Cherbourg Manche Handball a longtemps tenu la dragée haute au Saran Loiret Handball avant que de rendre les armes sur une marque qui ne reflète surtout pas ce que fut cette 14e journée de championnat qui s’est déroulée devant quelque 1805 spectateurs.
A lire et entendre les avis donnés par les uns et les autres avant la rencontre, on ne donnait pas cher des chances de victoire de la JSC face à un Saran qui évoluait à l’échelon supérieur l’an dernier et qui ne cache pas son envie de le réintégrer au plus tôt. On en donnait encore moins lorsqu’à l’issue de l’échauffement le meneur de jeu des mauves a dû renoncer à entrer sur le terrain pour cause de blessure pas assez solidement remise. Cela faisait assurément beaucoup pour une équipe locale en pleine reconstruction et en mal de points au classement. Très vite pourtant, lorsque le chronomètre de la rencontre a commencé à égrener le temps, les cherbourgeois ne sont surtout pas apparus comme victimes expiatoires et ce fut même tout le contraire un bon bout de temps durant.
En fait, à y bien regarder, on pourrait presque dire qu’il y a eu 3 matchs dans le match. Au bout de 10 minutes on aurait presque pu croire que l’affaire était d’ores et déjà pliée puisque Saran avait pris un avantage de 3 buts alors que Cherbourg n’en avait inscrit qu’un seul et unique. Au risque d’aller à la redite, là on ne donnait pas cher de la peau des locaux mais c’était mal les connaître. Ils allaient en effet entamer ce que l’on peut appeler une seconde rencontre avec ce qui ressemblait fort à des intentions de winners. Et cela allait s’avérer plus que payant au point de malmener une équipe de Saran qui donnait presque l’impression de se mettre à déjouer. Souvent en manque de ballons lors des précédentes rencontres, les ailiers mauves avaient la partie belle et, comme en plus, Basualdo oubliait ses courses par trop souvent latérales pour enfoncer la défense adverse apparaissait au fil des minutes un Cherbourg enfin libéré qui faisait plaisir à voir. Seulement voilà, petit à petit, ce qui ressemble à une troisième rencontre dans la rencontre a vu jour sur le terrain. Après avoir longtemps courbé le dos, Saran a changé de jeu, ce qui a eu pour effet de faire déjouer des locaux pourtant bien dans le match quelques minutes auparavant. En utilisant à répétition son pivot, elle a fait complètement craquer la défense locale qui n’a plus jamais su résoudre le problème. Comme en plus l’ex cherbourgeois Dan Tepper s’est mis à faire des exploits dans sa cage, l’attaque des mauves s’est, à son tour, quasi éteinte. A ce petit jeu et au fil des vingt dernières minutes, l’addition s’est faite lourde, trop lourde. Assurément, en cette soirée, les mauves ne méritaient pas cela mais telle est pourtant la dure loi du sport. Le positif dans tout cela c’est que nos jeunes cherbourgeois ont montré ce dont ils étaient capables face à un cador du championnat alors, à partir de ce constat on peut le dire haut et fort : allez les mauves, l’avenir vous appartient.
Une bonne première période
Après un tir sur le poteau des mauves, un premier arrêt de son gardien et une mauvaise passe locale, il aura fallu attendre pas moins de 4 minutes pour assister à l’ouverture du score par les visiteurs. Toujours côté mauve s’en suivaient tir à côté, mauvaise passe, passage en force et arrêts de Ivah pour un score qui passait à 1-4 à la 10e minute en faveur des visiteurs grâce à un magnifique Kung-fu et puis… Et puis c’était comme la révolte qui était sonnée par des cherbourgeois qui se mettaient à faire feu de toutes parts pour porter la marque à 9-6 (16e) puis 11-8 (21e) puis 12-9 (25e), puis 15-12 (30e). Et c’est tout naturellement qu’ils viraient en tête au repos (15-13).
Dès la reprise, les mauves remettaient la machine en route pour mener 16-13 puis 17-14. Ceci étant, on commençait à sentir que de l’autre côté la réaction allait être d’un tout autre ordre. A force de coups de boutoir répétés et même face à une forte résistance locale, Saran reprenait petit le contrôle de la rencontre. Et ce qui devait arriver arriva, à la 40e minute Saran repassait devant (19-20). Pire même, les visiteurs enfonçaient le clou à la manière d’un rouleau compresseur qui écrasait tout sur son passage (21-27 à la 49e). Les jeunes pousses cherbourgeoises étaient bien trop tendres face à une équipe plus que rugueuse dans son jeu. Il suffit d’ailleurs de regarder le tableau des exclusions de 2 minutes pour s’en convaincre : 5 pour Saran et 0 pour Cherbourg. Au vu de tout cela il ne pouvait en être autrement et les saranais l’emportaient sur la marque de 25-33 à l’issue d’une rencontre où se mêlaient espoir en l’avenir et déception du moment côté local.
Louis Lefèvre
